Edvard Grieg

Ce disque, enregistré par une jeune pianiste norvégienne installée à Lisbonne, offre un panorama très intéressant de l’œuvre pour piano de Grieg. La Ballade op. 24 (1875), issue d’une mélodie du folklore norvégien, est une série de variations étranges qui exploitent le chromatisme et les modes mineur et majeur dans la tradition postromantique allemande. Au temps de Holberg op. 40 (1884) est un retour au néoclassicisme, voire à l‘écriture baroque sous Forme de pastiche. Le Cahier n° 5 des Pièces lyriques (1891) journal intime de Gn‘eg,juxtapose des climats tour à tour fantastiques Marche des Trolls >>), nostalgiques Notturno ») ou impressionnistes Sonnerie de cloches proches de Debussy qui ne voyait pourtant dans les Pièces lyriques que des "bonbons fourrès de neige".

Anne Kaasa joue dans son arbre généalogique. La fluidité de son jeu mais aussi la profondeur de son interprétation (Ballade 0p. 34) de même que la précision (Au temps de Holberg) et le moelleux de son toucher sont la marque d’une pianiste qui se détache dans le monde très peuple des solistes actuels. Les extraits des Pièces n’ont rien à envier aux meilleurs interprètes (Giiels, Setrak, Oppitz, Andsnes. Rubinstein...). Il faut noter en outre l'exceptionnelle qualité de la pochette, qui devrait donner des idées aux autres éditeurs.

Michel Le Naour

Le Monde de la Musique, (France), March 1997