Pourquoi ce beau récital est-il resté dans les cartons pendant près de dix ans après l’accueil enthousiaste réservé en 2000 à un Ravel très personnel (cf n° 469), on aurait aimé retrouver plus rapidement Anne Kaasa. Ce Debussy confirme la bonne impression qu’elle laissa jadis: sonorité chaleureuse, sensuelle, captivante La pianiste norvégienne prend le temps de s'enivrer (et nous avec elle) des timbres délicats qu'elle fait naître et qu’elle nuance à des tempos assez modérés (la Sarabande des Images oubliées est un peu plus retenue encore que sous les doigts d’Arrau). Les couleurs douces, lumineuses modifient habilement notre perception des Masques virevoltants. La Rêverie, sans trop de sucre, répond à un Nocturne joliment suranné. L'Isle joyeuse et c’est bien la seule petite serve que l‘on pourra émettre paraît un peu sage : il lui manque l‘explosion jubilatoire des pianistes plus virtuoses, Horowitz et Samson François en tête.
Anne Kaasa complète son programme avec la version pour piano seul des Epigraphes antiques ces pages raffinées et évocatrices (on y entend les crotales, I’Orient, le ruissellement de la pluie. la flûte de pan attestent un art des plans sonores et une élégance délectables.
Jérôme Bastianelli
Diapason, (France), May 2011